Biographie de Jacques NESTLE

L'homme qui se fera plus tard appeler Jacques Nestle est né en 1907 à Sarrebruck-Klarenthal sous le nom d'Artur Ludwig Jakob Nestle.
A 16 ans, puis à 18 ans, il part pour Paris, trouvant un emploi dans un atelier de lithographie. Opportunité qui lui permis de faire une rencontre avec le célèbre artiste Henri Matisse, qui découvrant ses dessins, l’encouragea à poursuivre son travail artistique et lui prodigua de précieux conseils : « Écoute tout ce qui se dit, regarde tout ce qui se fait et fais ce que tu veux ! ». Bien que Nestle ait indiqué suivre déjà cette approche, Matisse a exercé une influence significative tout au long de sa carrière.
En 1925, encouragé par le sculpteur Georg Kolbe, Nestle s'installe à Berlin, qu'il décrit comme « une ville en effervescence culturelle et artistique », et travaille comme décorateur de vitrines pour de grands magasins, dont le Kaufhaus Friedenau. Parallèlement, il continue à exercer son activité artistique, s'inspirant de l'art expressionniste de Paul Klee, Wassily Kandinsky et de l'avant-garde du Bauhaus.
En 1927, il expose cinq gravures à l'exposition d'automne de l'Académie prussienne des arts, et ses œuvres sont publiées dans des magazines d'art. À la suite de l'exposition d'automne, Artur Nestle est intégré au programme de la galerie Neumann-Nierendorf, qui promeut à Berlin le jeune art contemporain expressionniste et de la Nouvelle Objectivité, représentant notamment Otto Dix, Erich Heckel et Karl Schmidt-Rottluff.
Vers 1929/30, le Musée National de Sarrebruck, situé dans l'École nationale des arts et métiers, reçut en don de la galerie Neumann-Nierendorf un ensemble de 43 gravures sur bois et eaux-fortes. Outre des œuvres d'Otto Beyer, Felix Meseck, Oskar Kokoschka, Wilhelm Oesterle et Ludwig Meidner, cette collection comprenait également 11 gravures d'Artur Nestle. En 1927 et 1931, le Musée National acheta d’autres œuvres d'Artur Nestle à la galerie Neumann-Nierendorf.
Les œuvres d'Artur Nestle restèrent dans la collection du musée jusqu'en 1937. Après la publication, le 27 juin 1937, de la directive du Führer par Joseph Goebbels ordonnant la confiscation de tous les produits de la « période de décadence » encore présents dans les musées, galeries et collections appartenant au Reich ; des œuvres provenant de 101 collections ont été confisquées, considérées comme « art dégénéré ». Onze gravures sur bois d'Artur Nestle provenant du musée de la Sarre en faisaient partie et ont été détruites.
Trois œuvres de Nestle ont toutefois échappé à la « purge artistique » nazie et témoignent du style post-expressionniste tardif du jeune artiste.
En tant qu'opposant déclaré au national-socialisme, Artur Nestle reçut des menaces de mort et quitte Berlin en 1933 après la nomination d'Hitler au poste de chancelier du Reich. Il retourne dans la région de la Sarre où il travaille dans les mines de charbon afin de se constituer une base financière pour poursuivre son voyage vers Paris. Les premières œuvres de jeunesse de l'artiste ont été conservées par sa sœur, Maria Nestle. Après le décès de Maria en 1977 et le déménagement de la maison à Sarrebruck-Klarenthal, d'autres peintures de la période berlinoise ainsi que des documentations photographiques des vitrines qu'Artur Nestle avait conçu à Berlin, ont été retrouvées dans le grenier de la maison familiale.
Vers 1935, Artur Nestle quitte Sarrebruck et s'installe à Paris, où il reste jusqu'à la fin de sa vie. Craignant les persécutions, il évitera tout contact avec l'Allemagne, y compris avec sa propre famille, et prit le nom de Jacques Nestle.
À Paris, il travaille comme architecte d'intérieur pour la SNCF, participe en 1937 à la conception de l'Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne à Paris et se consacre intensément à la peinture.
À cette époque, il entre en contact avec l'important galeriste Daniel-Henry Kahnweiler, qui avait déjà soutenu George Braque, André Derain, Juan Gris et Pablo Picasso ; mais Jacques Nestle ne donne pas suite à leur rencontre.
Avec le début de la Seconde Guerre mondiale, Nestle s’engage dans le Légion étrangère ; après l'armistice du 22 juin 1940 à Vichy, il entre dans la clandestinité. Il quitte Paris et se cache pendant quatre ans à Lyon, où il vécut dans des caves en travaillant secrètement pour un membre de la Résistance. Il fit la connaissance de Marcel Michaud, écrivain et directeur de galerie d’avant-garde à Lyon.
À la liberation, Nestle retourne à Paris et s’associe avec Marcel Michaud pour lui permettre d’acquérir une galerie, rue Bonaparte. Ils furent les premiers à exposer (exposition personnelle) Bram van Velde. Mais il quitta la galerie et reprit son travail d'architecte d'intérieur.
Il poursuivit également son activité artistique. En 1949, il expose des dessins à la galerie Saint-Placide, l'une des rares expositions où il présente ses œuvres au public.
Dans les années 1950, les peintures intuitives de l'abstraction lyrique, tout comme l'expressionnisme abstrait américain, ont marqué de leur empreinte la scène artistique internationale, et Paris est redevenue une métropole artistique dynamique. Jacques Nestle s'est également imprégné de ces influences et a développé une position largement inspirée par des artistes tels que Bram van Velde ou Robert Motherwell. « Poussé par un désir irrépressible », comme il le formule lui-même, « de peindre au-delà des conceptions rationnelles », il crée des compositions vitales d'une impulsivité explosive.
Le 11 mars 1991, l'artiste et architecte d'intérieur Jacques Nestle décède à Paris. Il passa ses dernières années gravement malade, dans la pauvreté et fut enterré dans une fosse commune au cimetière de Pantin.
Après sa mort, l'atelier de la rue des Orteaux dû être vidé. Beaucoup de ses œuvres ont failli être jetées dans des conteneurs à ordures, d’où elles furent toutefois sauvées.
Tout au long de sa vie, Jacques Nestle a plutôt caché son travail artistique et a rarement présenté ses œuvres au public. Ce n'est qu'après sa mort que ses peintures ont été exposées dans quelques galeries, ainsi que dans des expositions individuelles et collectives à Paris, Deauville et Saint-Pétersbourg.
L'œuvre impressionnante par sa vitalité formelle et étonnamment variée que Jacques Nestle a laissé derrière lui est en grande partie méconnue et difficilement accessible à l'heure actuelle. L'artiste lui-même est également presque tombé dans l'oubli, mais il mérite une attention particulière dans le canon de l'art moderne.
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